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La sécurité

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Bonjour à tous,

Aujourd’hui j’ai décidé de vous parler de la sécurité.

Parce que y’a des gros kikis tout durs qui nous ont fait des sales remarques de sécuriser les sorties de nos pensionnaires avec 2 longes au début, ou de faire porter des muselières, ou…

Vous savez, le genre de personne quand vous lui dites « Ne touchez pas mon chien » qui va venir exprès lui faire des tap-tap sur la tête, se mettre bien penché sur le chien et mettre sa tête tout proche de la tête de votre animal et vous regarder avec un gros sourire débile « tu vois qu’elle est gentille ! » (Alors qu’on apprend exactement le contraire aux enfants, je vous laisse réfléchir à comment on en arrive à déraper à ce point-là…)

ALORS, vu que y’a toujours des gros déficients au fond de la salle, on va expliquer tout gentiment le pourquoi du comment : )

D'abord il faut savoir que quand nous faisons une prise en charge de chien évalué par un vétérinaire comme mordeur, il y a tout un aspect légal à respecter avant même d’avoir vu le chien, afin d’assurer sa sécurité, celle du public, celle des bénévoles, celle des éducateurs…

Pour chaque prise en charge de mordeur, nous signons des conventions de responsabilités, et nous les déclarons à nos assurances spécifiques couvrant les cas de « dressage » comme ils appellent ça sur le papier… Ensuite la puce Icad nous est cédée et seulement à ce moment-là, l’animal est entré dans nos registres sanitaire + registre d’entrée sorties et devient notre pleine responsabilité, légale. Une responsabilité légale, ça veut dire que si le chien que l’on prend en charge, mord un passant parce qu’on a pas assez sécurisé, et qu’on a voulu aller trop vite, ou frimer, on peut être attaqué personnellement et, en tant qu’association pour mise en danger volontaire d’autrui. Et c’est du pénal.

Quand on récupère des chiens mordeurs, nous avons souvent du blabla sur les conditions de la morsure, des anciens propriétaires, des employés de la fourrière / refuge, et bref tout ça pour dire que globalement les informations sont souvent décousues et ne concordent pas avec un cas d’agression. On a pas la chance d’avoir des propriétaires qui peuvent tout nous expliquer, on récupère souvent des cas qui ont fait des dizaines de familles ou structures avant d’arriver chez nous.

Ensuite, on va en effet sécuriser la prise en charge le temps de connaître le loustique afin d’éviter de mettre qui que se soit en danger, et oui ça fait rire les oiseaux et chanter les abeilles, mais on fait pareil avec un pinscher nain 😊. Comme on ne cesse de répéter que l’éducation positive fonctionne avec toutes les races, on respecte le protocole avec chacun des pensionnaires ! ça assure une prise en charge de qualité, et uniforme pour tous les cas (on parle ici évidemment que d'un point de vue sécurité, pas sur le programme de rééducation qui est évidemment absolument individualisé).

Sécuriser une prise en charge, késako ?

Comme déjà dit, en général nous obtenons très peu d’informations utilisables de la part des cédeurs. Comme nous accueillons que des chiens qui ont déjà fait des points de suture, pour certains très très gravement, on évite de mettre en danger qui que se soit en sécurisant plusieurs paramètres.

La sécurisation commence dès lors du covoiturage par exemple. On va pas faire les gros bourrins et mettre une laisse à un chien qu’on connait pas, pour ensuite le fourrer dans notre voiture. On va respecter son espace et demander à ses soigneurs / famille d’accueil… de lui attacher une longe fournie par nos soins et de le faire grimper dans nos voitures. J’entends déjà les « Han mais c’est trop des poules mouillées en fait ils osent pas attacher tout seul des laisses aux chiens, nan mé c’est trop des débiles même moi j’arrive alors que j’ai pas de chien ! ». Bah non jaquouille, je vais t’expliquer. Moi par exemple, je déteste que quelqu’un que je connais pas me tienne le bras pendant qu’il me parle. Ça pourrait me rendre violente je pense dans un moment de stress ou autre. C’est une intrusion. Et bien on fait pareil avec le chien qu’on prend en charge. C’est déjà pas bien cool ce qui lui arrive, on a pas besoin en plus de lui envahir son espace perso en tant qu’inconnu et lui tripotter la gorge pour chercher son anneau. C’est juste une question de respect.

Une fois cette étape faite, c’est parti pour notre bout de chemin ensemble !

Une fois arrivé, l’ouverture du coffre / cage de transport se fait aussi dans le respect. On prend le BOUT de la longe préalablement bien déposé à l’écart du coffre, et on ouvre le coffre en s’éloignant un peu de la trajectoire de sortie du petit accueilli.

On l’oblige pas à rentrer en interaction avec nous directement à sa sortie de coffre après x minutes / heures de trajet dans une voiture qu’il connait pas. On le laisse sortir, en tenant la longe évidemment, mais pour qu’il puisse partir en interaction avec son environnement avant nous humain.

S’en vient toute une période d’observation et de « jaugage » mutuel. La longe peut être rapidement retirée si le loulou est venu plusieurs fois en demande d’interaction, si les contacts physiques ne présentent pas d’angoisse pour lui.

Et fait important pour nous, on ne fait pas ce qu’on sent pas ! Et oui ! Nous aussi on a besoin de temps pour l’apprivoiser, y’a pas à avoir honte non plus d’aller à son rythme, et créer un vrai lien de confiance qui va dans les deux sens (paraît que c’est tabou ça pour les beaufs de la rééduc, on a pas le droit de dire / montrer / penser qu’on a peur, parce que c’est trop trop mal et ça montre trop trop qu’on est incompétent !!! De notre point de vue, c’est hyper intéressant et important d’avoir « peur » ou d’éprouver une certaine méfiance, parce qu’on va encore plus observer et analyser et chercher et respecter et… s’intéresser à la bestiole quoi 😊).

Si ce n’est pas le cas, il peut garder un bout de longe quelques jours qui pendouille, afin de lui éviter une prise au collier (qui a dans 99% des cas créé des associations négatives) et un « viol » de son espace privé. Encore une fois, on le respecte et on attend le signal pour que ce soit ok pour mettre / enlever la longe du collier. S’en vient ensuite l’étape du harnais blabla que vous pouvez voir dans nos vidéos. Tant que la muselière n’est pas acquise, les sorties se font à 2 humains, et 2 longes afin qu’en cas de déclenchement sur une des deux, une sécurité soit apportée par l’autre. Pour Loki par exemple, Noémie à même créé un prototype de laisse « dure » avec un tuyau afin qu’en cas de déclenchement sur nous, on puisse se mettre en sécurité sans le pendre par le laisse ou lui faire du mal. Encore une fois, on joue pas les gros pleins de testostérone (c’est valable aussi pour les grosses dames avec des grosses voix qui adorent faire sentir leur virilité et leur égalité aux hommes via des démonstrations de force sur leur chien) et on évite d’avoir des balafres de guerre : ) Déjà parce que ça renforce le principe d’agression sur le chien, et ensuite parce que le masochisme c’est pas notre délire, même si on fait de la PA !

Mais, on sécurise aussi en apprenant le port de muselière dès l’arrivée du loulou en question. Oui, au travers du grillage. Alors ça fait bien rigoler les kikis tout durs, mais encore une fois le but est de nous sécuriser, de sécuriser l’animal, et de sécuriser les passants. Pourquoi derrière les grilles au début ? Parce que ça laisse le choix au chien de participer ou pas à l’interaction. Ça le laisse aussi en sécurité sans intrusion de notre part, dans son parc, et nous ça nous assure aussi de pas se faire sauter à la gueule, parce qu’on sait pas forcément encore quels sont les déclencheurs de l’agression chez cette bebête. Ça sécurise aussi l’animal parce qu’il ne se sent pas en danger, et ne sent donc pas l’utilité d’agresser pour stopper l’interaction.

L’apprentissage du port de la muselière est hyper important. Déjà parce que ça permet de créer des liens, parce que c’est un exercice ludique. Ensuite ça permet de créer la confiance, parce qu’avoir le museau enfermé, il faut avoir confiance en l’humain qui lui apprend ça, puis évidemment ça sécurise qui que ce soit, vu qu’on part de 0 avec l’animal en question. Et ça nous sécurise nous, et du coup modifie un peu notre attitude et sentiment, parce qu’on ne travaille pas dans un milieu hermétique, mais dans le vrai monde où on peut croiser des gens même si on gère notre environnement x8000, personne n’est à l’abri d’un imprévu 😊.

Il est hyper méga important de faire un apprentissage de la muselière en coopération et en douceur, parfois pendant plusieurs semaines, afin que l’animal soit parfaitement lui-même avec, qu’il ne soit pas inhibé par cet engin flippant. En gros faut qu’il soit tellement en confiance avec cette muselière, que si il a envie de bouffer quelqu’un il le fasse quand même, enfin qu’il ait le même réflexe en tout cas.

Et c’est là que nous dérivons un poil, et que la sécurité est primordiale dira-t ’on par obligation. Nous recevons des cas sans information, et nous DEVONS savoir ce qu’il en est afin de pouvoir trouver ce qui déclenche le chien, et pouvoir travailler sur la modification de ce comportement vu que le but est de le replacer dans une famille. Alors oui, on sécurise à fond parce qu’on va volontairement faire des tests qui vont déclencher le chien, déclencher un chien = ne pas respecter sa zone de confort et l’emmener vers le truc qui lui fait peur / l’énerve… Déclenchement = aboiement / agression… voir « de quoi il est capable » (sans jouer avec la vie de qui que ce soit toujours…). En éducation avec des clients, on va évidemment éviter de déclencher le chien. Si les propriétaires nous disent qu’il est réactif congénères, on va d’abord observer ça à de grosses distances afin toujours de rester hors de la limite de déclenchement. Nous, on va pas respecter cette règle AU DÉBUT, afin de mieux comprendre / voir / pouvoir mettre en place un plan de rééducation viable en fonction des observations faites.

Parfois, on est obligé d’aller plus vite que la rééducation le permet. Par exemple si le chien se blesse, on va devoir l’emmener chez le vétérinaire en le contraignant, même si ce n’est pas très positif, sans avoir fait tout l’apprentissage médical training, mais parce que c’est vital. Et pour que cela se passe bien pour le personnel soignant, il est important que l’animal sache porter la muselière, sache porter son harnais, ses deux longes, et qu’on puisse sécuriser tout le monde.

Alors oui, on sécurise, et certains rigolent parce que eux ils peuvent tout faire sur leur terrain d’éducation clôturé et isolé, et en faisant signer des décharges de responsabilité avant l’entrée sur le dit terrain. Nous on fait ça dans le monde réel, dans des vrais rues, des vrais magasins, et on sécurise le temps d’apprendre par cœur les réactions de nos petits pensionnaires. Ils sont ensuite libérés de tout leur attirail, et vivent ensuite parfaitement au contact de gens qui savent les respecter : )

La sécurité c’est une preuve de prudence de votre éducateur. Certains vont vous demander d’isoler le chien pendant le bilan parce qu’ils se sentent pas, parce qu’ils perçoivent des signaux que vous ne voyez pas. Un chien inconnu peut mettre beaucoup de pression, et c’est une qualité importante de votre éducateur qu’il soit capable de vous sécuriser, de se sécuriser lui, et de sécuriser les gens que vous croisez 😊.

Il y a bien trop d’accidents de morsures « bêtes » que l’on pourrait éviter en sécurisant mieux les choses, cela éviterait à de nombreux chiens d’être euthanasiés.

Il est de votre devoir de prendre en compte la sécurité de tout le monde, et de ne pas se surestimer par rapport à votre animal, le temps de tout décrypter et comprendre. Faites-vous aider par un éducateur respectant le bien-être de votre chien afin d’en apprendre plus !

 

 


Bisou Bisou

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